Crânes & Chimères de Christophe Faso à la Fondation Taylor

Christophe Faso est un artiste français né en 1975. J’ai découvert ses peintures et collages au salon MAC Paris (2016) et elles m’ont tout de suite beaucoup plu. Christophe Faso présentait alors sa série des Passerelles Charnelles. Six ans plus tard, cette série est exposé à la Fondation Taylor à Paris, aux côtés de deux autres : les Chimères et les Champs-Élysées. Écrit spécialement pour cette exposition, ce court texte explique les relations entre les trois séries. Il vous permet de plonger rapidement dans l’univers de l’artiste.

Exposition des œuvres de Christophe Faso à la Fondation Taylor
Exposition Christophe Faso, Fondation Taylor (mars 2022).

Vie et mort dans le travail de Christophe Faso

Les œuvres de Christophe Faso répondent à un triple impératif. Parler de soi : les événements d’une vie ; parler des autres : les événements de la vie publique, que nous partageons tous ; parler du temps : la vie au sens large avec son pendant, la mort. De 2013 à 2016, Christophe Faso déploie ces trois ressorts au sein de la série des Passerelles Charnelles. Il traite d’Éros et de Thanatos à travers l’actualité des attentats et des migrants, de sa vie personnelle, et par ces deux extrémités, de notre condition mortelle. Ainsi, les Passerelles Charnelles (2013-2016), puis les Chimères (2017-2018) et les Champs-Élysées (2018-), rejouent ces variations mais, parce que la vie change, elles explorent des thématiques et des plastiques nouvelles.

Passerelles Charnelles : le jeu de la chair

La série des Passerelles Charnelles se rattache à un temps de l’entre-deux. La passerelle érige un pont qui relie deux extrémités : la série des Gardiens, où l’on remarque une présence accrue de la ligne, et un renouveau dans le style apporté par les Passerelles Charnelles, série s’articulant autour de la ligne et d’un nombre réduit de couleurs pures. Christophe Faso est alors dans une nouvelle phase artistique, débutée sous l’impulsion donnée par la naissance de son fils. La dimension charnelle, au risque du pléonasme, est le lien adulte entre deux personnes avec un aspect sensuel et érotique dont est dépourvue l’enfance. La découverte de la chair est un jalon qui sépare l’instant de pureté, la virginité, à l’instant de corruption, la connaissance. Cette série intervient au moment où l’actualité amène à réévaluer notre quotidien, à la lumière des drames en Méditerranée et des attentats.

Tableaux de Christophe Faso, exposition à la Fondation Taylor
Exposition Christophe Faso, Fondation Taylor (mars 2022).

Chimères : assemblage et renouveau

La série des Chimères peut être assimilée à l’enfance. Comme cette dernière, elle est peuplée de monstres imaginaires que l’on rattache volontiers aux contes et aux mythes. Christophe Faso les construit en usant de techniques mixtes et le collage y occupe une place importante. Dans la mythologie grecque la chimère est un monstre hybride, un assemblage d’animaux disparates. On remarque donc une analogie entre le medium, pluriel, et les sujets, des êtres composés. Différents événements personnels, avec en particulier la mort de son père, conduisent Christophe Faso à détruire des œuvres anciennes pour en reconstruire de nouvelles, par assemblage. C’est un travail tendu vers l’avenir qui prend son origine dans le recueillement et donc le passé. La démarche artistique est expérimentale et intimiste, via de petits formats produits par essais et par le jeu de rencontres fortuites.  Il s’agit de trouver un nouveau départ.

Champs Élysées : festivités macabres

Enfin, les Champs-Élysées sont, dans la mythologie grecque, le lieu de l’enfer où les êtres vertueux résident. Il s’agit donc de l’autre-monde. Outre-monde situé sous la terre, royaume des morts. Dans ce royaume, toujours un couple préside : Hadès et Perséphone, Isis et Osiris et, si on souhaite se référer à la tradition judéo-chrétienne, on parlera de deux maîtres : Dieu et le Diable. Cependant, dans la série des Champs-Élysées, les morts se retrouvent dans la joie.

Dans de nombreuses traditions, comme au Mexique, les festivités macabres autour d’Halloween et de la Toussaint permettent le souvenir plutôt que l’oubli. Entretenir la mémoire des défunts constitue une autre manière d’aborder la mort, sujet central du travail de Christophe Faso. Les crânes qui habitent ses œuvres peuvent être effrayants, pourtant, déformés et en bandes, ils tendent vers le comique. Ils nous ressemblent, nous parodient, et comme nous, ils ont besoin d’instants de partages pour surmonter la séparation.

Boris, texte pour l’exposition à la Fondation Taylor, 2022

Christophe Faso : lectures & informations

Les informations pratiques sur l’exposition :

  • Dossier de la Fondation Taylor
  • Dates : 3 mars 2022 – 26 mars 2022
  • Horaires : du mardi au samedi, de 13h à 19h.
  • Adresse : 1 rue La Bruyère – 75009 Paris

Pour aller plus loin, le site de l’artiste : christophe-faso.com