Éric Perrin est un artiste français, il a étudié la peinture et le dessin aux Beaux-Arts de Paris dont il est sorti diplômé en 1991. Acteur de la scène artistique européenne et cofondateur de la Biennale Européenne des Blancs Manteaux, ses œuvres sont régulièrement exposées en France, en Suède, en Pologne et en Autriche. Sa récente série, débutée en 2019, est consacrée aux paysages et aux phénomènes atmosphériques.
Taches et accidents : à l’origine de cette série de peintures
Très classiquement, l’artiste débute par des travaux préparatoires où germent ses œuvres. Ainsi, dans ses tableaux mettant en scène des personnages, Éric Perrin part d’une base croquée et s’en éloigne. Les Vous êtes ici (2015) reposent sur des gestes de personnages trouvés dans des photographies, des scènes du quotidien ou extraites de l’actualité : footballeurs, pêcheurs ou mineurs deviennent un réservoir de modèles. Ils sont ensuite plongés dans de nouveaux environnements, renversant leur rapport au réel.
Éric Perrin emploie souvent ce processus de décontextualisation en usant de personnages affairés, comme dans l’œuvre Ce qui nous est offert (2018). Les modèles sont totalement absorbés par leur labeur, penchés, cherchent des choses qui nous échappent, ce qui donne l’étrange sentiment d’une présence absente.
Cette série, chronologiquement proche voire concomitante, nous permet de comprendre chez l’artiste l’émergence du tableau et du pur paysage par un jeu continu autour de l’écart avec le réel. Cependant, à la différence des scènes de personnages, Éric Perrin commence ses paysages directement dans son atelier, sans passer par l’étude d’après nature. Quelques taches à même la toile et divers essais volontairement accidentels donnent une direction, il s’agit ensuite de les prolonger et d’étendre la figuration.
Un processus imaginatif utilisé par d’autres artistes
Ce processus imaginatif par l’accident est un secret d’artiste, employé aussi bien par Léonard de Vinci que Victor Hugo. Son utilisation est même systématisée et donne lieu à des méthodes créatives (Voir sur ce point l’étude de Jean-Claude Lebensztejn, L’Art de la tache. Introduction à la « Nouvelle Méthode » d’Alexander Cozens, 1990). Chez Éric Perrin, la série des Stases dresse une passerelle entre scènes habitées et purs paysages. Elle voit le jour durant le confinement, de quelques photographies dénichées de-ci de-là, de la musique de Frank Zappa et des gouttes d’eau venant frapper la verrière de l’atelier.
Couleur et lumière dans les tableaux d’Éric Perrin
Si les photographies servent parfois de ressorts formels, les tests de couleurs permettent de s’en écarter et de ne pas se reposer sur le préexistant. La photographie présente cette difficulté du déjà là : un espace agencé et déterminé, dont l’artiste doit s’écarter. C’est en retravaillant le motif et en usant de méthodes laissant place au hasard, tel le monotype, qu’Éric Perrin entraîne la figuration vers un imaginaire pictural.
La couleur sert alors un onirisme, qui célèbre conjointement la grandeur de la peinture et de la nature. Ces tableaux remettent l’homme face au monde, pour ne pas dire à sa place, il devient le spectateur de puissances qui le dépassent, ce qui n’est pas sans rappeler les paysages romantiques allemands et britanniques du début du XIXème siècle.
Éric Perrin : lectures & informations
- Courte biographie de l’artiste sur le site Les 4 arts.
- Cours et parcours d’Éric Perrin : ville de Suresnes.
- Le compte Instagram de l’artiste, pour suivre ses actualités : Instagram.